Kargobike - Gaël Ribordy
« Les meilleures solutions sont toujours les plus simples !»
Gaël Ribordy, comment avez-vous eu l’idée de créer Kargobike ?
Je suis fou de vélo depuis gamin. Pour moi, pédaler est plus naturel que marcher. Même après deux accidents au dos et à la jambe, c’est le seul sport que j’ai toujours pu continuer à pratiquer. Je cherchais une activité professionnelle qui me convienne et qui ait du sens (lire le parcours de notre entrepreneur «freerider» ci-dessous). Après quelques mois d’expérience au sein d’une société de coursiers à vélos, j’ai décidé de créer ma propre boîte. Il y avait du potentiel sur le marché des colis; je suis allé voir les grands transporteurs, qui ont immédiatement montré leur intérêt pour me confier leurs livraisons. Dans la foulée, j’ai développé un système gratuit de vélos partagés (bikesharing) et un service de conseil en mobilité durable.
Avec son entreprise Kargobike, Gaël Ribordy met toute son énergie au service d’une mobilité durable. Que ce soit pour le transport de colis ou les déplacements individuels, il mise sur des stratégies où le vélo est roi.
Qu’est-ce qu’une mobilité «durable» ? Comment la mettez-vous en pratique ?
On veut souvent résoudre les problèmes de mobilité avec des moyens compliqués et coûteux. Or, si l’on considère la Suisse comme une seule ville, avec ses quartiers et ses connexions, on constate que l’essentiel de l’infrastructure est déjà là. Par exemple en Valais, on a RegionAlps, qui fait le lien entre toutes les localités de plaine. KargoBike collabore avec cette compagnie pour des expéditions rapides entre villes. Cette mobilité interurbaine repose sur une logique de bon sens, qui ne fait appel à aucune technologie supplémentaire. Même les solutions aux problèmes les plus complexes doivent être simples, sinon, ce ne sont plus des solutions, mais de nouveaux problèmes en puissance. Une mobilité est durable lorsqu’elle offre une plus-value viable à long terme, sans générer d’impacts négatifs autour d’elle.
Le succès de votre entreprise repose pour une bonne partie sur l’effort physique de vos collaborateurs. Qu’avez-vous prévu pour préserver leur santé ?
Dans ce métier, on a tendance à ignorer la fatigue et à vouloir passer pour un «dur». Mais sur le long terme, ce comportement est dangereux, avec de grands risques d’accident. Chez Kargobike, les coursiers ne travaillent pas plus de 6 heures par jour, au maximum trois jours par semaine. Leur salaire horaire est supérieur aux standards pratiqués dans la branche. Ceux qui ont un pourcentage de travail plus élevé complètent leur activité «vélo» par des tâches liées à la gestion de projet ou des livraisons en véhicule électrique sur les coteaux.
L’entreprise Kargobike est labellisée «Valais excellence». Pourquoi avoir choisi cette certification ?
Aujourd’hui, tout le monde se prétend «durable», surtout dans le milieu du vélo. Or, c’est un domaine où il est facile de tirer sur la corde humaine et de se griller les ailes. Ce label nous distingue, car il donne une visibilité et une crédibilité à nos engagements. Il correspond parfaitement à l’orientation prise par Kargobike sur les plans écologique, économique et social. La démarche est très complète et se traduit par des actes concrets. Par exemple, nous subventionnons l’abonnement général de nos collaborateurs et leur mettons à disposition une voiture électrique en cas de besoin.
Gaël Ribordy, entrepreneur «freerider»
Cet homme-là ne tient pas en place. Au point qu’il a fait du mouvement son mode de vie et son activité principale. Nomade d’esprit et de corps, Gaël Ribordy échappe à toutes les cases.
Son parcours en témoigne. Ce fort en math a tenté l’EPFL après sa matu, puis s’est lancé dans un brevet de guide de montagne avant d’opter pour un double bachelor, l’un en soins infirmiers et l’autre en économie et gestion d’entreprise. Avec son œil critique et sa pensée libre, Gaël Ribordy s’est souvent trouvé en portafaux avec le système. Ce passionné de montagne et de sport a aussi connu son lot d’accidents. Mais après chaque chute, il est remonté en selle.
Un ami l’a présenté un jour comme un entrepreneur «freerider», une définition qu’il adopte volontiers, et pas seulement parce qu’il a lui-même pratiqué le ski libre au plus haut niveau: comme en montagne, la gestion des risques est au cœur de son métier.